Philosophie

Hommage. Un manifeste.

Chères lectrices, chers lecteurs,

Il y a deux ans, dans la nuit du 13 novembre au 14 novembre 2013, naissait Un Philosophe. Vêtu de bleu, j’ai eu la prétention de placer ces travaux de pensées et réflexions philosophiques sous l’égide de deux termes grecs ancestraux, sophia, la sagesse et philia, l’amour. Aujourd’hui, vêtu de noir, le deuil habille la philosophie. Un nouvel anniversaire, dont les qualificatifs paraîtront toujours faibles de sens, est venu gâcher l’idéal d’amour et de sagesse, que nous autres philosophes portons à travers les âges. Un Philosophe fêtera éternellement son anniversaire avec les bougies allumées par une humanité à tout jamais profondément blessée. Le deuil de nos morts ne se fera jamais. Ils vivront à travers nous, certes par procuration, mais nous les ferons vivre. Nous allons vivre et exister plus fortement pour eux.

Nous continuerons à écrire pour former et ouvrir les esprits et les corps. Nous continuerons à penser pour ne pas se scléroser dans la peur, l’effroi et le traumatisme qu’elles engendrent. Nous continuerons à philosopher pour que la guerre se fasse à armes égales, pensée contre pensée. « Les pensées sont des actions » écrit Nietzsche, ne laissons personne assassiner le droit d’agir librement. L’émotion passée, les passions évaluées, poursuivons à faire de la philosophie, à l’Université comme dans les terrasses de café, par des livres comme par des paroles. Comprenons sans compliquer, expliquons sans excuser, interrogeons sans enterrer. Car nous avons la naïveté de croire que penser nous sauvera. Sans nous leurrer : leurs armes feront toujours plus de ravages, de morts et de personnes dans la douleur innommable de la perte, que nous ferons de vivants et de survivants.

À ceux qui font les malins, les soupçonneux, les complotistes,

À ceux qui donnent la mort aux innocents, qui ôtent la vie pour justifier leur mort,

À ceux qui préfèrent tuer et mourir pour exister,

À ceux qui veulent que le plus beau jour de la vie soit celui de leur mort mais surtout de la mort de l’humanité,

La philosophie sera une de vos ennemies les plus redoutables, les plus acharnées, avec les moyens qui sont les siens. Nous ne serons pas les hommes par hasard qu’ils sont.

À nos morts, à ces innocents, à ces femmes et hommes qui ne voulaient que vivre, nous leur rendons hommage. Espérant que la philosophie saura donner les guérisons et les consolations que l’humanité réclame plus que jamais. Que la philosophie se fasse médecine, que les philosophes médecins surgissent pour se faire médecin de l’homme, de la civilisation, de l’époque, l’humanité. Nous autres, nommés philosophes, de tout horizon, notre tâche est au moins civilisationnelle, si ce n’est mondiale. Pansons et pensons les plaies.

Si la philosophie doit avoir une utilité, ce sera celle-là. Civiliser la civilisation, humaniser l’humanité.

Jonathan Daudey, Rédacteur en chef, au nom de toute l’équipe de rédaction.

2 réflexions sur “Hommage. Un manifeste.

  1. Pingback: Face à l’horreur : penser et agir | CinciVox

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.