1. La «sagesse», voilà la quête première de la Philosophie. Kant ou Aristote riraient de nos dissertations et de l’obsession de l’argumentation.
2. Selon Aristote, on ne peut juger de l’action d’homme qu’à sa mort. La patience donnera raison aux incompris.
3. Le pessimisme est une prudence réaliste et positive, il veille à la préservation évolutive de toute chose, il rend le progrès mesuré. L’optimisme répond de la pensée spéculative et du pari, pas nécessairement aveugle, mais dangereuse si non teinté de mesure.
4. La Philosophie n’est pas enfoncer les portes ouvertes, mais les dégonder à jamais. Seule celle de la Philosophie demande la bonne clef.
5. Ce n’est pas parce qu’il est nécessaire que la Philosophie soit vulgarisée, qu’il faut, de ce fait, tomber dans le côté négatif du vulgaire. La mode de la philosophie n’est en rien une chance. Elle a fait tomber la vulgarisation entre les mains du business et de l’argent.
6. Tout philosophe est producteur de pensées : mais très peu ont trouvé la force ou le courage de produire une réflexion sur celle-ci.
7. Il est impossible de définir ce que doit être un Philosophe, l’être-philosophe est unique par essence. Seul l’ignorant est empli de clichés. Le philosophe doit faire taire les incohérents et les mener vers la cohérence. L’imbécile est celui qui tire tout de rien et s’en réjouit.
8. Même si tout philosophe est unique – subjectif – il apparaît comme inévitable d’être réaliste, et de ne pas hésiter à observer les choses «cliniquement».
9. Les mots du philosophe sont pesés, emplis de sens et d’éclairage sur nous-mêmes. Ils sont la confession d’un enfant du siècle.
10. La philosophie pourrait se réduire à un compromis entre la science et l’art. Il y a la rigueur logique mais aussi la capacité à sublimer le Réel, certes. Elle ressemble plutôt à un architecte, elle structure son chemin – sa méthode. Car la philosophie n’est ni une science, ni un art. Elle est un domaine qui n’a pas d’égal, elle possède son propre «style».
11. La philosophie est un activité disait Wittgenstein. Il faut aller plus loin : elle est un mode de vie, indissociable de celui qui la produit. « J’ai vécu en philosophe, je mourrai en philosophe » : voilà enfin un élan de lyrisme chez Husserl !
12. La philosophe du XXIème siècle qui prend une place de spécialiste de l’actualité se refuse à lui-même, il devient un «philosophe de service». La philosophie n’est pas incompatible avec la réalité actuelle. C’est elle-même qui l’a produite. Discrètement. Elégamment. Malheureusement.
13. Le philosophe se confronte à un cruel paradoxe : il doit à la fois vivre avec son temps et se situer hors du temps. Acteur et spectateur. Quand il tombe dans la société du spectacle, il devient spectateur de lui-même et se perd.
14. La finalité de la Philosophie est sa disparition, autrement dit la découverte de la Vérité. Alors toutes les bibliothèques seraient brûlées. C’est alors ici la niaiserie philosophique par excellence, comme le dit Mehdi Belhaj Kacem, que cette confiance aveugle en la science. Hegel fait partie des assassins ratés de la philosophie.
15. «Croire» est contraire à la Philosophie. La philosophie cherche à «savoir», pour se défaire de tous ses penchants naturels et irréfléchis.
16. Philosopher, ce n’est ni penser «pour» ou «contre» mais c’est penser «avec». Avec les auteurs et avec les événements de son temps.
17. Faire de philosophie de la philosophie et du philosophe, voilà un projet qui poserait cette activité en phase avec son temps, son époque. La philosophie coule son temps à se noyer dans des remises en question, mais jamais de questionner ces remises en question.
18. La philosophie n’est pas un guide de pensée, il n’a rien du religieux. Sa parole ne doit pas être sacrée, et doit toujours être critiquée. Quand il s’agit du Divin, le philosophe enfile l’habit du spéculateur. Il pousse l’esprit à ses limites, caressant le néant d’une main agile.
19. Penser c’est définir, discriminer, c’est critiquer. La critique est le fondement de la philosophie car elle cherche à distinguer les choses.
20. La philosophie allie passion et réaction, ou, parler comme Kant, «réceptivité» et «spontanéité». L’attitude philosophique au quotidien.
21. La philosophie est-elle à la pensée ce que l’onanisme est au plaisir sexuel ? Rien de plus sûr : tout le monde la pratique, tout le monde sait que tout le monde la pratique, mais elle est moquée, dénigrée par beaucoup.
22. La philosophie ne nous promet pas la joie, elle nous l’offre. Or, avant tout, il faut passer par l’angoisse dont les questionnements incessants nous assaillis.
23. La philosophie naît d’une angoisse, des peurs qu’engendre ce sous-sol obscur qu’est l’existence, et que l’homme veut éclairer par son savoir.
24. Philosopher c’est vivre les choses comme si c’était la première fois.
© Jonathan Daudey
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La lumière ne peut briller qu’en présence de l’obscurité
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Je ne comprends pas ton point de vue sur ce qu’est l’activité philosophique, car d’un côté tu écris : La «sagesse», voilà la quête première de la Philosophie. Kant ou Aristote riraient de nos dissertations et de l’obsession de l’argumentation. De l’autre : «Croire» est contraire à la Philosophie. La philosophie cherche à «savoir», pour se défaire de tous ses penchants naturels et irréfléchis.
Or, il me semble qu’une argumentation a entre autre pour fonction de démontrer à soi-même ou a autrui qu’une croyance est justifiée. Avoir une croyance justifiée selon les normes de ce qu’on croît être une justification, se rapproche davantage de ce que tu nommes « savoir » que la possession d’une croyance non justifiée eu égard à ces normes. L’obsession à l’argumentation est donc également (en partie) une obsession à la justification et à la recherche du « savoir » (je ne sais pas vraiment ce que tu souhaites signifier par ce terme, est-ce un synonyme de « avoir une connaissance », » avoir une croyance vraie et justifié » ?).
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Je comprends les remarques, mais il me semble que tu marques une confusion entre les termes d' »argumentation », de « justification » et de « démonstration » – confusion qui trompe tes critiques et m’empêchent de saisir le fond de ce que tu dis, mais je vais essayer d’apporter une réponse.
Une démonstration n’argumente pas, ni ne justifie une croyance : elle démontre logiquement une vérité ou une non-vérité. Et la dissertation est avant tout un exercice d’argumentation et non de démonstration – même si le résultat d’une démonstration peut avoir une fonction argumentative.
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